Les Horées

23 novembre 2021

Photos: Benoit Guenot

Text: Jill Cousin

Bourguignonne d’adoption, la trentenaire a créé en 2019 un vignoble prometteur où elle oscille entre appellations prestigieuses et négoce de haut vol. Soucieuse et précise, elle est guidée, à la vigne, au chai comme dans la vie par les grands principes de la biodynamie.

Reportage à retrouver en intégralité dans MONOPOLE

Parfois la vie tient à un impeccable alignement des planètes. En 2010, Catharina Sadde, repentie des fourneaux étoilés, débarque en Bourgogne pour suivre un stage au domaine Chevrot à Cheilly-lès-Maranges. L’histoire est bucolique, elle y tombe amoureuse des cépages, du terroir mais avant tout de l’homme qui est aujourd’hui son mari et associé au Domaine des Horées. Il n’en fallait pas plus pour que la trentenaire fasse une croix sur Dresde, son fief allemand et s’enracine durablement sur le sol bourguignon. “Lorsque j’ai débarqué ici, je ne parlais pas un mot de français. J’avais eu la bonne idée de suivre des cours de latin à l’école…” (Rires) Son appétence pour le bon, elle le tient de sa famille. “Mes parents sont deux intellectuels, personne dans ma famille n’est issu du monde agricole mais quiconque a grandi en Allemagne de l’Est a appris à tout faire, pas de segmentation des tâches à la maison. Mon éducation culinaire me vient d’eux. Ils cuisinaient les légumes du jardin de ma grand-mère et chez nous, il y avait toujours du monde à table.” De l’autre côté de la Forêt Noire, les apprentissages pratiques sont mieux perçus que sous nos latitudes et la jeune femme profite de cette ouverture d’esprit pour se former à la cuisine. Catharina fricote quelques années avec les restaurants doublement étoilés avant de reprendre des études de science de l’alimentation. Mais l’Allemande, dont les racines germaniques effleurent de temps à autre lors de notre échange, s’ennuie cruellement et décide d’apprendre le vin dont elle s’est éprise en officiant en cuisine. C’est en Allemagne, à l’université de Geisenheim, qu’elle est sensibilisée à la biodynamie et découvre le travail de feu Pierre Masson, ponte de la biodynamie en viticulture.

“Enfant, nous ne parlions pas d’agriculture biologique et encore moins de biodynamie. J’ai découvert tout cela lorsque j’ai consulté pour la première fois un docteur en médecine anthroposophique, un ensemble de pratiques thérapeutiques développées par Rudolf Steiner. C’était la première fois que, pour comprendre mes maux, on me questionnait sur mon environnement, mes habitudes alimentaires, mes goûts…” De cette expérience, Catharina Sadde conserve une vision systémique de la biodynamie. “Mes pratiques ne se cantonnent pas aux simples traitements dispensés dans les vignes, la biodynamie régit également les interactions humaines et guide mes intuitions.”…

 

 

Sometimes, life depends on a perfect alignment of the planets. In 2010, Catharina Sadde, tired of gourmet stoves, arrived in Burgundy to take up an internship on the Chevrot estate in Cheilly-lès-Maranges. The story is a bucolic one – she falls in love with the varieties of grapes and the terroir, but primarily with the man who is now her husband and associate at the Domaine des Horées. That was enough for the thirty-something year old to give up on Dresden, her German hometown, and plant her roots in the Burgundian soil. “When I first arrived, I didn’t speak a word of French. At school, I had thought it a good idea to take Latin courses…” (she laughs) She gets her taste for good things from her family. “My parents are both intellectuals, and no one in my family comes from a farming background, but anyone who grows up in East Germany learns to do everything, as chores are not divided up at home. My culinary education comes from them. They would cook up dishes with the vegetables from my grandmother’s garden, and there were always plenty of people around the table at our house.” On the other side of the Black Forest, practical learning is more widely appreciated than here, and this young woman took advantage of this openness to learn cooking. Catharina spent a few years working with two-star restaurants before resuming her studies in food science. Yet this German citizen, whose Teutonic roots emerge from time to time during our conversation, was thoroughly bored, and decided to learn about wine, with which she fell in love as she toiled in the kitchens. She became aware of biodynamics in Germany, at the University of Geisenheim, and discovered the work of the late Pierre Masson, who pioneered biodynamics in viticulture.

As a child, we didn’t talk about biological agriculture, never mind biodynamics. I discovered all of this when I consulted a doctor in anthroposophical medicine for the first time – a set of therapeutic practices developed by Rudolf Steiner. This marks the first time that, in order to understand my ailments, I was asked about my environment, my eating habits, my tastes…” From this experience, Catharina Sadde retains a systemic vision of biodynamics. “My practices are not restricted to simple treatments applied to the vines; biodynamics also governs human interactions, and guides my intuitions.”

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